article du tout et du petit rien...
Ma chère Bertille,
Voilà maintenant plus de trois mois que tu nous a quittés, cousine, mais c'est avec toi que je veux fêter cette année qui commence.
La dernière fois que nous nous sommes parlé, j'étais en plein régime, et en pleine détresse sur le plan professionnel. Un boulot bof dans une équipe au management proche de zéro...
J'entends encore tous tes encouragements téléphoniques, et tes rires entremêlés de soupirs sur la vacuité de ma hiérarchie...
Que de chemin parcouru depuis notre dernière conversation...
J'ai quasiment atteint mes objectifs diététiques : -28 kilos, et je rentre dans mes anciens vêtements. C'est déjà une belle victoire.
Et puis j'ai trouvé un autre poste. Je cherchais sans trop y croire, et le "salut" est venu de façon inattendue. Pas d'une réponse de Pôle Emploi ou d'une offre quelconque trouvée sur le net. Non, comme cela arrive parfois, l'association de coïncidences et de circonstances favorables : une amie d'une amie dont le mari...
Tout s'est enchaîné : entretiens, changement de travail, changement de ville, changement de vie, en bref ! Comme tu t'en doutes, ce n'est pas pour me déplaire. Je n'en pouvais plus de Paris, je voulais retrouver ma petite vie de provinciale. Bien sûr tout se bouscule. Il faut trouver un logement, organiser le départ... Mais que c'est bon d'aller de l'avant !
Mais quitter Paris n'est pas si simple. Cela veut dire quitter des amis, parfois très proches, et même si on se dit que ce n'est qu'un au revoir, je sais bien qu'ils vont me manquer au quotidien ; je pense à mes collègues aussi, que je laisse dans le caca de notre service et de notre « open space »... Partir c'est également, quelque part au fond de moi, un certain aveu d'échec. En « montant à la capitale » il y a un peu plus de quatre ans, ce n'est pas du tout comme ça que j'imaginais ma vie : je me voyais galérer un peu, certes, mais réussir à trouver du travail dans le journalisme, gravir les échelons, obtenir cette fameuse carte de presse qui faisait rêver toute ma promo à la fac... J'ai beau savoir que ce nouveau poste est cent fois mieux qu'un boulot de pigiste, qu'il va me permettre de vivre des choses incroyables et de rencontrer des gens extra, je ne peux m'empêcher de me dire qu'encore une fois, c'est un rêve qui se brise...
Tu vois, c'est très bizarre, ce mélange de bonheur immense de me sortir du pétrin alors que je n'y croyais plus, cette joie d'entendre les amis louer ma volonté de fer pour ce régime, voir que tous ces efforts ont fini par payer, et bien payer... et puis cette espèce de cafard indescriptible au moment où se percutent mes rêves d'étudiante et la réalité du marché du travail, la réalité de la vie.
Malgré tout, je suis heureuse. Un peu bousculée, mais tellement heureuse de voir que 2011 démarre bien mieux que 2010, que le ciel s'éclaircit au-dessus de ma tête, et que j'ai enfin l'impression de prendre en main ma vie d'adulte (il serait temps !).
Je n'ai qu'un regret : ne pas pouvoir réellement partager ce sentiment avec toi ; ne pas pouvoir te dire à quel point tu avais raison de me répéter d'y croire encore et toujours ; ne pas pouvoir te remercier de tes encouragements et de tes « remontées » de moral. Oui, tu avais raison, la vie continue et il faut en profiter au maximum.
Je te dédie toutes mes victoires de la fin 2010, et toutes mes joies futures de 2011.
Tu me manques.
Chamoureuse
Aujourd'hui une citation m'a frappée par sa proximité avec mon état d'esprit :
« Il y a deux moyens d'oublier les tracas de la vie : la musique et les chats. » (Albert Schweitzer)
Ah bah voilà, tout à fait moi, ça !
C'est vrai, après une journée de travail bien stressante et oppressante, quoi de mieux que de chantonner sur de la bonne musique avec une bête à ronrons sur les genoux ?
Et plus généralement, quoi de mieux qu'un gros matou pour se sentir bien et « cosy » chez soi ?
Vous l'aurez compris, je fais partie de ces personnes insupportables et très agaçantes, complètement gagas des chats. Ces gens qui, à l'instar des nouveaux parents intarissables sur leur bébé, profitent de la moindre occasion pour raconter une anecdote sur leur bestiole moustachue. Et qui sont capables d'en parler pendant des heures ! (c'est à ce moment-là, je crois, que je dois faire de plates excuses à mon entourage...)
En ce qui me concerne, ce n'est pas tant le félin type « chaton du calendrier de la poste sur un fond rosâtre » que le chat bien crétin qui n'en fait qu'à sa tête (et si bien représenté par Simon Tofield) (http://www.simonscat.com/) qui me plaît. Le chat du quotidien qui vous arrache la peau avec ses griffes en voulant se câliner, qui miaule jusqu'à épuisement des tympans pour réclamer sa nourriture, qui squatte le linge fraîchement repassé, ou qui ne sait pas boire ailleurs que dans le fond de l'évier... Bref, le vrai chat, le chat con.
Il a ceci de génial que ses multiples facettes sont une source d'étonnement inépuisable.
Son côté un peu débile, « andouille », notamment lors du fameux « quart d’heure de folie » du soir, a de quoi déclencher bien des fous rires, et l'a proclamé roi du vidéo gag.
Son caractère détaché et indépendant peut l'amener à donner des coups de griffes bien désagréables, et franchement injustes (c'est vrai, quoi, qu'est-ce que ça veut dire, cette ingratitude ?) alors que l'on veut juste le caresser.
À l'inverse, une demande excessive de gratouille peut vite devenir épuisante quand l'animal est en mode câlin.
Et puis, un chat, c'est utile, si, si ! Certes faut changer la litière, ça fout des poils partout, et c'est pas cool pour les amis allergiques... Mais un chat, ça bouffe les sales petites bêtes rampantes et volantes, ça sert de bouillotte l'hiver, de peluche, on peut lui raconter tous ses malheurs sans qu'il rétorque « lâche-moi avec tes soucis, tais-toi », ça peut même servir de réveil (leur horloge biologique est particulièrement bien réglée le matin à l'heure du pâté-petit-déjeuner...) !
Je passerai sur la grâce féline, les yeux en amande, les jolies oreilles en pointe, la douceur du pelage, la divinité égyptienne et tous les pouvoirs mystérieux qui l'entourent... Il paraît même qu'il a été scientifiquement prouvé que la fréquence de vibration du ronronnement avait des facultés de cicatrisation et d'apaisement.
La seule chose dont je peux témoigner, et qui n'engage que moi, c'est qu'une nuit sans chat est moins sereine, et que je ne connais pas de meilleur somnifère que le fameux ronronnement émis à quelques centimètres de moi.
Pourtant je serai la première a lancé un « mais qu'il est con ce chat ! » à la moindre bêtise. Mais que voulez-vous, je reste fidèle au félidé...
10 ans après...
Se lever de nouveau plus tôt tous les matins, quand il fait encore nuit ; marcher en courbant l'échîne sous le poids du sac à dos, les mains enfoncées dans les poches du jean ; la perspective d'être confronté à de nouvelles matières, de nouvelles têtes, un nouvel environnement... La rentrée d'un élève de 6ème, peut-être ?
La vie nous offre parfois l'heureuse occasion de revivre des moments que l'on croyait à jamais ensevelis sous une espèce de nostalgie pathétique. Moi je suis en formation pour 8 semaines, et je savoure pleinement la madeleine.
Bah oui, que voulez-vous, je retourne à l'école, et j'aime ça ! Quoi de plus normal pour quelqu'un qui a passé son enfance et son adolescence à la place de « 1ère de la classe » ? Qui jusqu'au bac a profité de ses facilités pour se la couler douce en cours et se faire mousser le soir en rapportant les meilleures notes à maman...
Les aléas de la vie ont rendu la suite plus rugueuse : gaspillée la promesse de grandes études ; à la poubelle le rêve d'une belle et longue et carrière dans le métier désiré, décidé. Un bac + 5 en poche, certes, mais comme beaucoup, des mois de galère avant de trouver un job mal payé.
Cela s'appelle un contrat « avenir », terme assez hypocrite au demeurant puisqu'il s'agit d'un CDD sans aucune possibilité de recrutement définitif. Un contrat qui a néanmoins un avantage, donc : il ouvre le droit à des formations.
Et franchement je ne croyais pas que cela puisse être aussi agréable. J'étais même pessimiste au départ : et s'il n'y avait que des petits jeunes, des gens avec qui je ne m'entendrais pas, des cours trop compliqués...? Il m'a suffit de quelques heures et d'une voisine adorable pour réaliser à quel point j'étais dans mon élément dans cette salle de classe.
- Intéragir avec de nouveaux camarades (en gros, se fendre la poire) est toujours aussi facile, me voilà rassurée sur mon niveau de sociabilité
- piger le cours se fait encore les doigts dans le nez, et là se sont mes neurones qui me comblent de joie et d'apaisement. Oui j'ai connnu l'échec et la précarité, non je ne suis pas ramollie du bulbe ! (ce qui n'était pas acquis d'avance pour quelqu'un venant d'un milieu où l'on pense généralement que les 2 sont liés...)
Bien sûr la formation en elle-même est intéressante et utile, mais c'est également pour moi le moyen de revivre des sensations oubliées. L'époque où, non, tout n'allait pas mieux, mais où j'avais au moins l'assurance de tout comprendre et de tout maîtriser pendant 9 à 10 heures par jour.
Je n'arrivais pas à m'expliquer, alors, que certains élèves aient des difficultés vis-à-vis de l'école, ou vis-à-vis d'un prof, au point d'en être malades tous les matins.
J'ai eu mon bac il y a 10 ans, et aujourd'hui ce malaise, c'est moi qui le ressens chaque jour avant de franchir la porte du bureau à 9h15.
La formation, les cours, sont pour moi une bouffée d'oxygène, une parenthèse régressive et bienfaisante. J'aimerais trouver le moyen de rester à jamais sur les bancs de l'école...